Raudra Chakrin, vingt-cinquième roi-kalkin de Shambhala
Raudra Chakrin, vingt-cinquième roi-kalkin de Shambhala, est dans l’eschatologie de Kalachakra le souverain qui instaurera sur terre un règne du Dharma, à l’issue d’une bataille terrible. Raudra Chakrin engagera dans le combat des forces non-terrestres pour vaincre les Mleccha qui, après avoir apporté la ruine et la destruction de notre monde, auront attaqué le royaume de Shambhala.
par
Sofia Stril-Rever
Raudra Chakrin dans l’art sacré Raudra Chakrin, vingt-cinquième roi-kalkin de Shambhala indique une intersection à venir entre notre histoire et le royaume tantrique.
Monté sur un cheval bleu sombre, couleur du lotus subtil du cœur, le dharmachakra, il s’élance à la tête de ses armées. Un javelot à la main, il transperce les barbares, ou Mleccha, ceux qui combattent le dharma du Bouddha. Des éléphants, des hommes en armes et un grand nombre de cavaliers le suivent. Ils sont représentés en train de traverser une passe neigeuse, au sud du royaume de Shambhala, au nord du fleuve Sita. Ainsi représenté, à l’est du mandala, le « Seigneur des larmes à la roue » occupe l’emplacement que l’art sacré réserve aux protecteurs et aux gardiens du Dharma, les dharmapala. Ces protecteurs sont engagés dans des activités qui consistent à préserver et sauvegarder le Dharma, ses pratiquants et ses institutions contre les forces démoniaques destructrices. C’est ainsi que Raudra Chakrin attaque et écrase sous les sabots de son cheval les ennemis, agresseurs de la loi bouddhique. Car les rois de Shambhala sont des bodhisattva. Ils ont renoncé à la libération ultime par compassion, afin d’aider tous les êtres à avancer sur la voie de la délivrance. Ce sont aussi des Dharmaraja. Rois du Dharma, ils ne sont pas des rois de ce monde et n’interviennent pas dans les destinées des peuples, auxquels ils ne peuvent éviter les implacables conséquences de la loi universelle du karma. Leur rôle est spirituel. Leur activité est basée sur le respect du dharma, au sens d’ordre universel et cosmique. Lorsque cet ordre est gravement menacé, les souverains de Shambhala manifestent dans l’histoire humaine leur puissance terrifiante et courroucée. C’est ce qui est représenté, iconographiquement, sous les traits de Raudra Chakrin. « Le Seigneur des larmes à la roue » a quitté le royaume tantrique, à la tête de ses armées, pour rétablir l’harmonie permettant l’évolution spirituelle du monde. L’eschatologie du Tantra de Kalachakra Les prophéties du Tantra de Kalachakra, au Livre I du monde, annoncent que trente-deux rois, y compris Suchandra, règneront successivement, cent années chacun, sur le trône de Shambhala. Durant cette période de 3200 ans, les destinées du monde iront en s’assombrissant. L’humanité s’enfoncera dans le matérialisme idéologique et l’ignorance, jusqu’à ce qu’en 2424, une superpuissance, dirigée par des incarnations d’êtres démoniaques, fédère plusieurs pays, à l’issue d’une guerre mondiale de plusieurs années. Le chef de la coalition des états victorieux, connaissant l’existence du royaume de Shambhala, sera tenté de vouloir le faire passer sous sa domination. C’est alors qu’éclatera une nouvelle guerre, qui ne sera pas limitée à notre planète puisque des forces extraterrestres interviendront dans les combats. Les massacres et les destructions dépasseront en horreur tout ce que nous avons connu jusque là.
Raudra Chakrin, monté sur le trône en 2327, apparaîtra à la tête des armées de Shambhala. Le « Seigneur des larmes à la roue » sera assisté d’êtres surnaturels combattant à ses côtés. Au moyen d’armes puissantes inconnues, décrites comme des harpons et des roues célestes, il écrasera les hordes de « barbares », les Mleccha. La victoire du roi-kalkin de Shambhala sera à la fois matérielle et spirituelle. Tous les guerriers qui, dans les rangs des armées antagonistes, auront été tués sur le champ de bataille, obtiendront immédiatement la délivrance. La perte de leur vie sera pour eux une véritable bénédiction. Ils s’inclineront devant le « Seigneur des larmes à la roue », le remerciant de les avoir libérés de leur karma négatif qui était de faire le mal. Leur mort, de la main du roi du Dharma, les lavera de leur impureté foncière. Raudra Chakrin établira un ordre universel fondé sur la loi du Bouddha. Le royaume de Shambhala s’étendra à la terre entière. L’humanité connaîtra une époque de paix et de bonheur spirituels. La durée de vie sera de cent années et les êtres ne redouteront plus la mort car ils sauront transférer leur principe vital vers les terres pures de Bouddha. De grandes consciences de lumière et d’amour se manifesteront de nouveau, guidant les hommes vers l’Eveil parfait. Le troisième Panchen Lama a annoncé, pour cette époque, le retour de Nagarjuna : « Il reviendra du paradis de Sukhavati pour reprendre ses corps antérieurs et il fera resplendir extraordinairement l’enseignement du Bouddha. »
Mais huit cents ans après l’instauration de cet âge d’or par les rois-kalkin de Shambhala, la loi inéluctable des cycles de la roue du temps verra revenir sur cette terre les incarnations d’êtres dépourvus de dispositions karmiques favorables à l’évolution spirituelle. Le royaume de Shambhala passera de nouveau dans l’occultation. De nouveau, il sera, comme il l’est aujourd’hui, inaccessible à notre vision qui n’a pas été purifiée. Il représentera une aspiration et une espérance, car il exige d’accumuler les mérites nécessaires pour devenir réalité dans notre histoire. Tels sont « les événements d’importance mondiale » que mentionne le Dalaï-Lama dans l’enseignement qu’il donna en préliminaire à la première initiation de Kalachakra sur terre occidentale, à Madison, aux Etats-Unis : « Si l’on regarde la personnalité de celui qui fit la requête du Tantra de Kalachakra, déclare Sa Sainteté le Quatorzième Dalaï-Lama, on s’aperçoit que ce Tantra est le seul à avoir été exposé à la suite d’une demande par un souverain, roi de la terre pure de Shambhala, qui, pour le bien des sujets des quatre-vingt-seize principautés de son royaume, se rendit en Inde afin de recevoir les enseignements du Bouddha. Il existe ainsi un lien puissant entre Kalachakra et un pays particulier de notre planète. A partir de Suchandra, la tradition a été transmise par une lignée de sept grands rois et de vingt-et-un rois-kalkins. Lors de l’avènement du vingt-cinquième Kalkin, la relation spéciale entre les habitants de la terre et Kalachakra sera rendue évidente par des événements d’importance mondiale. » Dans cette thangka du Tibet, Raudra Chakrin, dernier roi de Shambhala, datant de la fin du XVIII° siècle qui représente le roi-Kalkin est assis sur le trône du lion. Kalachakra et Vishvamata enlacés, à sa gauche, et le roi Suchandra, à sa droite, sont entourés de nuages qui symbolisent un cercle d’offrandes. Du souverain sont émanées des nuées contenant ses armées. Cavaliers, fantassins et soldats s’élancent hors du royaume tantrique pour mener la bataille finale où l’arme suprême est « l’inconcevable sagesse ». Car l’enjeu du combat est la victoire des forces de l’omniscience contre celles de l’ignorance. L’eschatologie de Kalachakra, dont les éléments essentiels sont fournis par le Livre I du Tantra, est particulièrement développée et commentée dans les écrits du troisième Panchen Lama, Lobsang Palden Yeshe Lobsang Palden YESHE, Troisième Panchen-Lama (1738 – 1780), est l’auteur d’une prière exprimant son souhait de renaître à Shambhala, sous le règne du vingt-cinquième roi-kalkin, Raudra Chakrin, vénéré comme une émanation de Mañjushri. De nombreux lamas pensent que le troisième Panchen Lama renaîtra dans l’incarnation du vingt-cinquième roi-kalkin, Raudra Chakrin, pour exterminer les Mleccha.
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