Ce que j’ai appris en recueillant l’Autobiographie spirituelle du Dalaï-lama
par
Sofia Stril-Rever
A l’occasion des cinquante ans de son exil qui marquent aussi le soixante-dixième anniversaire de son intronisation, le Dalaï-lama se confie à Sofia Stril-Rever qui a recueilli son AUTOBIOGRAPHIE SPIRITUELLE (1) et nous explique ce qu’elle a appris en rédigeant ce livre. Auprès d’une personnalité qui a 73 ans d’âge mais dont la conscience s’étend sur sept siècles, car elle ne commença pas avec sa naissance et ne se terminera pas avec la mort, beaucoup de choses se révèlent que je n’ai pas fini de décrypter. Dans cette Autobiographie spirituelle, il y a des enseignements aux deux plans de la personne et du monde. La leçon de vie principale, me semble-t-il, est qu’on n’en finit pas de s’humaniser, de devenir un être humain. Le plus étonnant est d’apprendre cela d’une personnalité qui en est à sa quatorzième incarnation dans la lignée de la Compassion éveillée. Sa Sainteté que l’on vénère bien au-delà de la communauté tibétaine, déclare volontiers ne pas être quelqu’un de spécial et travailler constamment pour devenir meilleur. L’un des messages de cette autobiographie est l’humilité qui consiste non pas à se lamenter sur ses imperfections, mais à accepter de se transformer jour après jour. Et la bonne nouvelle est que des qualités extraordinaires gisent en nous. Le chemin vers l’Eveil consiste à les accomplir en épanouissant notre bonté fondamentale. Le message pour le monde découle de notre transformation intérieure. Selon le principe de l’interdépendance en effet, qui se transforme transforme le monde. Le Dalaï-lama engage chacun à assumer sa part de responsabilité universelle envers tous les vivants qui ont cette planète pour habitacle. On réalise qu’en fait les grands problèmes de notre époque sont aussi d’ordre spirituel. C’est ainsi que le Dalaï-lama les aborde et cela recentre sur l’essentiel que l’on perd facilement de vue dans des approches spécialisées en matière de sociologie, politique ou écologie. A travers ce livre, on comprend que la spiritualité n’est pas un domaine séparé de la vie, au contraire c’est la vie de la vie, l’esprit qui descend dans le cœur pour animer le quotidien. Dans la définition qu’il en donne, la pratique de la spiritualité consiste pour le Dalaï-lama à développer nos qualités humaines de base et il nous propose une éthique laïque, spirituelle en son essence. La spiritualité ainsi comprise permet de cultiver l’esprit de la religion plutôt que sa forme et on dépasse donc l’antagonisme réducteur entre religion et laïcité pour redonner à la vie sa dimension authentiquement spirituelle. NOTES [1] Presses de la Renaissance, sortie le 5 mars 2009
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