Le monde de la compassion existe

« Nous avons connaissance des problèmes environnementaux. En avons-nous conscience ? » s’interroge très à propos l’avocate Patricia Savin. Et c’est ici que la Révolution de la compassion prend tout son sens. Car la transition juridique doit s’accompagner d’une transition intérieure pour changer nos schémas de conscience et placer l’altruisme au cœur de nos vies. Les réformes en voie d’élaboration, si pertinentes soient-elles, ne sont pas suffisantes. Il est urgent de passer d’une culture de la performance, de la concurrence et de la compétition vers une culture du partage et des solidarités. Or c’est une révolution. C’est la Révolution de la compassion, aujourd’hui en marche, qui a d’autres noms, d’autres porte-parole.

Elle s’appelle Révolution altruiste avec Matthieu Ricard. Il la théorise dans son Plaidoyer pour l’altruisme, étayé de plus de mille références scientifiques démontrant que la compassion modifie les structures, la chimie et les fonctions cérébrales. Et cette révolution, l’homme le plus heureux du monde la traduit en actes dans ses œuvres humanitaires en Asie et son engagement pour la cause animale.

La Révolution de la compassion s’appelle Révolution de la fraternité et invite à « réparer ensemble le tissu déchiré du monde », selon l’heureuse formule du philosophe Abdennour Bidar. Constatant la crise du lien, mère de toutes les crises dans un monde multidéchiré et polyfracturé, il propose de réapprendre à nouer trois liens nourriciers essentiels : avec nous-mêmes, les autres et la nature, afin de libérer en nous les sources de la vie, de la joie et de l’amour.

La Révolution de la compassion s’appelle Démocratie de la Terre, avec la physicienne indienne Vandana Shiva. Elle revendique cinq souverainetés humaines fondamentales sur les semences, l’eau, l’alimentation, la terre et les forêts, afin que l’humanité exerce enfin une démocratie véritable et profonde, en interaction avec la totalité du vivant.

La Révolution de la compassion s’appelle « Un million de révolutions tranquilles » faisant souffler l’espoir avec l’engagement de la société civile et, plus particulièrement de la jeunesse, partout dans le monde, en faveur de sociétés plus écologiques, partici- patives et solidaires.

L’aube insurrectionnelle de la compassion s’est levée. Et ce n’est pas un rêve. Le monde de la compassion existe. Il est dans celui-ci.